Présentation
Le Département de psychologie, c'est:
![]() | 2700 étudiant(e)s inscrit(e)s dans 15 programmes |
![]() | 420 étudiant(e)s aux cycles supérieurs, dont 80% au 3e cycle |
![]() | 20 000 inscriptions aux 250 cours offerts annuellement |
![]() | 58 professeur(e)s, 60 chargé(e)s de cours et 22 membres du personnel de soutien et d'administration |
Selon la firme QS, l'Université de Montréal se classe parmi les 150 universités par excellence au monde en psychologie, soit le 3e rang (ex-æquo) parmi l'ensemble des établissements francophones de la planète.
Le US News octroie pour sa part le 85e rang mondial à l'UdeM en neuroscience et comportement, et le 167e rang mondial en psychiatrie/psychologie.
Fondé en 1942, le Département de psychologie est le plus ancien département de psychologie francophone d'Amérique du Nord. Il joue au Québec un rôle de premier plan dans la formation des chercheur(e)s et des clinicien(ne)s en psychologie et neuroscience cognitive.
Le Département offre plusieurs programmes de 1er cycle et le plus grand choix de profils de formation de cycles supérieurs. Plusieurs programmes sont accrédités par la Société canadienne de psychologie. L'étudiant(e) peut y acquérir une formation aussi bien dans des domaines de recherche fondamentale que dans des domaines de recherche appliquée et de formation professionnelle.

Le Département de psychologie, 80 ans d’histoire
Juin 2023
Par Louise Nadeau, Luc Granger et Michelle McKerral
Avec la collaboration de plusieurs autres personnes qui ont partagé des idées pour bonifier ce texte.

Cette année, le Département de Psychologie de l’Université de Montréal célèbre son 80e anniversaire. Actuellement, les enseignements du Département tiennent compte des travaux scientifiques les plus récents, les équipes de recherche performent au niveau international et travaillent sur des questions innovantes tandis que les diplômés détiennent des positions clés. Bref, professeur.e.s et étudiant.e.s sont à la fine pointe de ce qui se fait de mieux et ce Département compte parmi les meilleurs. Il en est ainsi notamment parce que le personnel du Département a su profiter des travaux des fondateurs et bâtisseurs de notre département et de ceux et celles qui les ont précédés au cours des décennies. Alors, si vous le permettez, faisons un peu d’histoire.
La psychologie ne date pas d’hier. Le sens du mot psychologie dérive d’un terme grec scindé en deux racines : « psukhē », qui signifie l'esprit ou l'âme, qui renvoie donc aux fonctions psychiques du sujet et « logia », qui signifie étude. Dès le 4e siècle avant notre ère, Aristote mentionne spécifiquement de notions de psychologie. Avant lui, Hippocrate décrit les traits de personnalité dont une dimension, introversion/extraversion, est reprise presqu’intégralement, 2 500 ans plus tard, dans la mesure des traits de personnalité normale, les Big Five.
Le plus souvent, les débuts de la psychologie scientifique, appelée alors « psychologie expérimentale », sont datés de la fondation du premier laboratoire de psychologie, fondé en 1879 par Wundt, un physiologiste et un philosophe, à Leipzig en Allemagne. Cette nouvelle discipline se répandit rapidement en particulier en Amérique du Nord où on considère que William James, un philosophe à Harvard, fut celui qui établit cette discipline. Dans notre université, l’Institut de psychologie fut d’abord rattaché à la faculté de philosophie.
Les premières universités en Occident - les Arabes nous ont précédés en cette matière - datent des 11e et 12e siècles. À cette époque, les universités étaient largement sous la domination du clergé : 31 des 44 universités fondées avant 1400 ont des lettres d’érection du pape. Au 19e siècle, les universités développent de l’autonomie vis-à vis des églises. Or, contrairement à ce qui se passe en Europe et dans l’Amérique du Nord protestante, l’Université Laval et sa succursale Montréal restent sous le contrôle du haut clergé.
La première université francophone est en effet l’Université Laval, créée par la Reine Victoria en 1852, bien que cette institution tire ses origines de la fondation du Séminaire de Québec en 1663 au moment où Monseigneur de Laval fonde ce séminaire. En 1878, l’Université Laval ouvre une succursale à Montréal. Celle-ci devient, au cours d’une réunion de la Sacré Congrégation au Vatican, tenue à Rome le 29 avril 1919, l’Université de Montréal. L’UdeM est reconnue vraiment indépendante le 30 octobre 1927 par Rome et ne se libère complètement de la tutelle de l’Église que par sa Charte civile en 1967.

L’histoire de notre Département est inséparable de ce qu’était notre université jusqu’en 1965[1] : le haut clergé du Québec et le Vatican avaient le dernier mot sur la destinée de notre établissement, et cela, en conformité avec les valeurs de l’Église. L’enseignement universitaire francophone est soumis aux prélats de l’Église catholique qui veulent maintenir l’institution sous sa férule catholique. La comparaison avec la protestante McGill University oblige certains progrès, parce que McGill prospère sans cesse. Un détail parmi tant d’autres : l’Université Laval et sa succursale Montréal disposent en tout et pour tout, en 1915, d’un fonds de dotation de 15 000$, alors que McGill, pour sa part, cumule 6 720 890$.[2] C’est à l’intérieur de ce cadre hyper religieux, mais avec des leaders visionnaires, qu’il faut comprendre l’évolution de l’UdeM. C’est en 1967 que l’Université a un premier recteur laïc, soit Roger Gaudry. Aujourd’hui, notre chancelier est d’origine haïtienne et on n’exige plus que les membres du Conseil d’administration soient catholiques et des hommes. De fait, plusieurs ne sont pas catholiques et le Conseil est mixte, avec une chancelière émérite qui est une femme.
Le procès-verbal qui crée notre Département, issu de la Faculté de philosophie, en 1942, a été retracé, tout comme un texte de 1956 dans lequel on peut lire :
« Quoique distinct de la Faculté de philosophie, c’est dans le cadre et sous l’influence immédiate de cette dernière qu’il [le Département de psychologie] est organisé et s’est développé. Il est né de la préoccupation de donner à l’enseignement de la psychologie expérimentale […] une expansion qui nous semblait s’imposer en Amérique. […] Ainsi, sur le plus théorique, nous avons jugé qu’une opportunité exceptionnelle s’offrait à nous d’étendre l’influence de la doctrine thomiste[3] à tout un champ très important de la pensée contemporaine. […] Il nous a semblé de notre devoir d’offrir à de nombreux étudiants catholiques une formation, en tous points comparables à celle qu’ils pouvaient aller chercher ailleurs au point de vue technique et, en même temps, rigoureusement conforme aux principes de la philosophie et de la foi catholique. » P. 4
Le texte de 1956 fait sans cesse référence à la foi catholique et au travail des professeurs :
« qui y ont apporté toutes leurs préoccupations philosophiques, morales et religieuses. […] Notre ambition la plus chère, en effet, est que le rayonnement de l’Institut de psychologie s’exerce à la fois et aussi intensément sur le plan apostolique et sur le plan scientifique. » P. 14
Par ailleurs, l’université, tout imprégnée de sa mission catholique, estime que les études et les recherches psychologiques sont pleinement acceptées par l’Église.

C’est dans ce contexte que se font les premiers pas du Département de psychologie. Il faut avoir entendu Adrien Pinard parler de ses premières années comme professeur pour prendre la mesure de la pauvreté de l’UdeM dans les années 1940/1950. Les grands pas qui ont été faits par notre établissement s’inscrivent dans la suite de ce qui prédominait chez les pères Noël Mailloux et Adrien Pinard, chez le frère Marie-Victorin et chez le chanoine Lionel Groulx, à savoir la volonté de bien former des étudiants francophones et de rendre accessible le savoir.
Force est de constater que les quelques professeurs de l’Institut ont fait flèche de tout bois[4]. Le personnel, qui ne comptait que le père Noël Mailloux en 1946, s’élargît à cinq en 1950, puis à 19 en 1963, à 51 en 1970 et à 66 en 1978. Dans les débuts, ce sont les Pinard, Bélanger, Lavoie, Clerk, Lussier, Décarie, Laurendeau, Cormier et Cardu qui établissent, tantôt en travaillant ensemble tantôt en s’illustrant seuls, la réputation de l’Institut. Le Département actuel est en dette vis-à-vis ces bâtisseurs dont les conditions de travail et le salaire étaient déplorables. Ils sont les architectes du Département et ceux et celles qui ont le plus contribué au départ à l’excellence de sa réputation. Plusieurs autres ont par la suite contribué à son excellence.
Le In Memoriam[5] du site internet du Département rappelle quelques-uns des apports de ces professeurs. À tout hasard, on peut citer le travail de collaboration d’Adrien Pinard, de Monique Laurendeau, de Guy Lavoie et de Gérard Barbeau, qui ont développé dans les années 1950 et 1960 les meilleures batteries de tests différentiels de l’intelligence. Pinard et Laurendeau ont non seulement introduit Piaget en Amérique du Nord mais ont publié, aux Presses universitaires de France, chez Delachaux et Niestle, dans l’International Universities Press, des ouvrages qui ont assuré une évolution des connaissances en psychologie.
Granger[6] rappelle le grand débat qui a secoué le Département au sujet de la formation d’étudiants à la recherche par opposition à la formation de cliniciens. Ce débat est canadien et le discours de 1964 d’Adrien Pinard, alors président de la Société canadienne de psychologie, pose bien le dilemme que rencontrent tous les formateurs de psychologie. Parce qu’il a la capacité de bien décrire les enjeux, il facilite la résolution de ces problèmes au Canada pour les décennies à venir. À cela s’ajoute la grande division entre les psychanalystes et les béhavioristes qui fractionne tous les Départements pendant plusieurs décennies et celui de l’UdeM n’y échappe pas. Ainsi furent les 40 premières années du Département. Aujourd’hui, les professeur.e.s. et leurs équipes reconnaissent que la conduite humaine est la conséquence de la génétique, de la neurobiologie, des conditions environnementales tout au long de vie et de mécanismes inconscients.
Les 40 années qui ont suivi ont représenté, pour le Département, une accélération de nouveaux développements dans ses divers champs d’étude et d’impact. Entre autres :
- l’évolution de la neuropsychologie clinique, qui a connu un développement phénoménal et qui aujourd’hui se maille avec la neuroscience cognitive et computationnelle;
- l’essor de la psychologie organisationnelle et de la psychologie sociale et de leurs impacts essentiels pour mieux appréhender le monde du travail et les collectivités qui sont en transformation et diversification constante;
- l’évolution de la formation et de la supervision en psychologie clinique et ensuite dans tous les programmes de formation clinique au Département, la reconnaissance de nos programmes par la Société canadienne de psychologie et l’apport à la formation et à la communauté de notre Clinique universitaire sur deux sites;
- l’évolution des programmes avec les défis d’équilibre entre la formation scientifique ou fondamentale et la formation clinique, et l’arrivée des programmes de doctorat professionnels (DPsy);
- plus récemment, la science des données, l’intelligence artificielle et le domaine large du numérique qui sont devenus une réalité dans toutes les sphères de notre société et avec lesquels notre mission de formation et de recherche évolue.
Depuis les débuts les acteurs du Département ont su apporter à des questions fondamentales des réponses contemporaines et ancrées sur les données scientifiques et cliniques disponibles à chaque époque. Aujourd’hui, notre société fait face à des enjeux inédits en matière de santé mentale et nous jouons plus que jamais un rôle primordial et de premier plan dans la formation et l’avancement des connaissances pour améliorer la compréhension, la prévention et le traitement en santé mentale et cognitive, individuelle et sociétale.
Conclusion
Nous venons de loin et avons de quoi être fier.ères. La pandémie COVID-19 a engendré du stress à la fois au sein des corps professoral et étudiant, qui n’en pouvaient plus d’interagir via des écrans plutôt qu’avec des personnes en chair et en os. La pandémie aura eu cependant un effet bénéfique. Elle aura fait comprendre au public que ce que la psychologie savait depuis longtemps, à savoir le rôle clé de la santé mentale dans l’économie d’un pays, dans le fonctionnement de n’importe quelle entreprise, dans nos relations avec la collectivité et les proches. Or, c’est dans le Département de psychologie que sont formé.e.s, des professionnel.le.s qui, d’une part, sont capables de comprendre ce qui va mal ou d’adresser une personne à un collègue qui comprendra ce qui ne va pas et, d’autre part, de former des professionnel.le.s capables de mettre en œuvre des traitements reconnus comme efficaces ou de référer une personne en détresse à un collègue qui a l’expertise requise. De même, c’est en psychologie que peuvent se faire les travaux de recherche conduisant à une meilleure compréhension de tous les phénomènes qui sont responsables de ces dysfonctions. En effet, ce Département regroupe des chercheur.e.s qui s’intéressent à la fois à tous les âges de la vie depuis l’embryon jusqu’à la fin de vie, au développement du cerveau, à ses fonctions et dysfonctions, au rôle clé de tous les sens, aux modèles de traitement efficaces, et on en passe. Cet équilibre entre la clinique et la recherche est un facteur-clé dans les interventions efficaces en prévention, en clinique et en planification des divers services.
Nos diplômé.e.s ont de quoi être fiers.ères. Parti de peu, en 80 ans, le Département s’est imposé dans de multiples secteurs de la psychologie. Les pionniers.ères, chacun.e dans leur domaine, avec passion et audace, ont laissé en héritage des professionnel.le.s en recherche et en clinique meilleur.e.s qu’eux et elles. Et c’était leur souhait le plus cher.
[1] Bizier, Hélène-Andrée (1993). L’Université de Montréal : la quête du savoir. Montréal : Libre expression.
[2] Linteau, P.A., Durocher, R., Robert, J.C. (1979). Histoire du Québec contemporain. Montréal : Boréal Express, p. 537.
[3] Souligné dans le texte.
[4] Granger L. (1982). Psychology at Montréal. Sous la direction de Mary J. Wrigt, C. Roger Myers. Toronto : C.J. Hogrefe Inc.
[5] psy.umontreal.ca/repertoire-departement/in-memoriam/
[6] Opus cit.