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Émilie Rochette

Responsable de programme à la Direction des grands défis de société aux Fonds de recherche du Québec.

Traduire la recherche dans le monde gouvernemental 

Diplômée d’un doctorat en recherche du Département de psychologie de l’Université de Montréal, Émilie Rochette est responsable de programme à la Direction des grands défis de société aux Fonds de recherche du Québec.

Du plus loin qu’elle se souvienne, Émilie Rochette se fascine par la manière dont les humains se construisent et sont façonnés par leur environnement. La psychologie s’impose donc rapidement comme un domaine de choix pour celle qui se voit aider les autres. Intéressée par le domaine clinique, la bachelière est cependant rapidement confrontée à une féroce compétition pour l'accès au doctorat et décide de s'orienter vers une maîtrise en sciences de l’éducation.

« J’ai rencontré mon directeur de maitrise, George Tarabulsy, qui travaillait en développement de l’enfant et en attachement avec des familles vulnérables, j’ai été très touchée par l’histoire de ces familles suivies par la DPJ. J’ai eu un gros gros coup de foudre pour ce domaine-là et pour la recherche – je ne pensais pas que j’aimerais autant ça. Pendant ma maîtrise j’ai réalisé que je voulais travailler à améliorer les pratiques à tous les niveaux pour créer des environnements plus favorables au sain développement des enfants. J’ai donc continué au doctorat en recherche, et à ce moment ça ne m’intéressait plus du tout de devenir clinicienne. »

Après avoir eu le déclic, Émilie décide de poursuivre ses recherches en développement de l’enfant au doctorat avec une collègue de son directeur, Annie Bernier, professeure au Département. Acceptée à l’UdeM en 2006, Émilie devient coordonnatrice du laboratoire Grandir Ensemble à ses tout débuts pendant deux ans.

Traduire la recherche

Si son intérêt pour la recherche et le travail de terrain devient clair pendant son cheminement, la doctorante en devenir ne se projette pas pour autant dans le monde académique. Les impacts des recherches qu’elle poursuit étant difficilement visibles sur le terrain, Émilie se questionne beaucoup sur la transposition des recherches au sein des politiques publiques et des services. Pendant sa maitrise, dans le cadre de projet avec des organismes terrain elle est rapidement confrontée au manque de fluidité entre les avancées de la recherche et les pratiques. « Je me demandais : comment fait-on pour que ce que l'on fait en recherche s’applique davantage et plus rapidement dans les politiques publiques? Particulièrement en termes de service pour le développement de l’enfant et pour les familles vulnérables. »

Ce sont ces considérations qui amènent progressivement Émilie dans une carrière au gouvernement au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). En combinant les connaissances de la recherche et l’expertise du milieu gouvernemental, Émilie se transforme en « agente de traduction » où elle travaille à démontrer aux décideurs l’importance d’investir dans le domaine de la recherche. Enfant de ces deux mondes bien distincts, Émilie occupe une position dans laquelle elle facilite la compréhension, l’écoute et l’ouverture entre ces différents acteurs qui doivent réaliser ensemble des objectifs communs.

 « La recherche est une source importante d’information pour prendre les décisions et faire les choix les mieux informés possibles. Dans le contexte gouvernemental, on ne peut pas parfois faire exactement ce que les chercheurs nous disent de faire, mais en mettant tout le monde dans l’équation, on peut prendre de bonnes décisions. »

Entrée au MSSS comme agente de recherche à la Direction de services sociaux généraux et des activités communautaires, elle débute comme responsable du  volet psychosocial en sécurité civile, qui coordonne les services sociaux lors de sinistres comme les inondations de Montérégie ou la tragédie du lac Mégantic. Émilie se voit ensuite confier les dossiers agressions sexuelles et, par la suite, violences conjugales. Dans ces différents domaines, elle touche aux domaines de l’organisation des services, du financement et collaboration avec les organismes communautaires et son domaine d’intérêt, le développement et la mise à profit des résultats de recherche pour faire avancer les politiques publiques.

« Dans le cadre de ces mandats-là, j'ai développé et mis en œuvre les responsabilités du MSSS de plans d’action gouvernementaux, des programmes de recherche et facilité la collaboration et la concertation entre le milieu gouvernemental, communautaire et de la recherche. J’ai aussi coordonné un comité d’experts sur les homicides intrafamiliaux, qui a publié un rapport en 2012. »

Travailler en amont

En prévision de la légalisation du cannabis au Canada, le Québec a fait le choix de favoriser un modèle étatique, axé sur la santé et la sécurité des populations. Du même coup, il est inscrit dans la loi que la majorité des profits tirés de la vente de cannabis doivent être versés au Fond de prévention, placé sous la responsabilité du ministère de la Santé.

C’est justement cette particularité québécoise ainsi que la nature historique du projet qui interpelle Émilie et l’amène à postuler sur le poste de responsable du Fonds de prévention du cannabis au retour de son 2e congé de maternité. Elle est entrée en poste à la Direction générale de santé publique en septembre 2018 pour actualiser ce mandat où tout est encore à bâtir.

Arrivée un mois avant la date de la légalisation, Émilie décrit ce nouveau poste comme un retour à ses premiers amours de recherche.

« Dans les domaines des services en violence conjugale, on travaille beaucoup à éteindre des feux. C’est important, mais ayant fait mon doctorat en développement de l’enfant, j’ai toujours eu cette préoccupation d’être davantage en amont des problèmes. La santé publique fait tout son sens dans mon parcours.

La prévention de la violence et de de l’usage de substance partage plusieurs facteurs de risque j’étais dans des univers qui m’étaient familiers (…). J’ai toujours aussi vu le Fonds de prévention comme un levier pour agir davantage en amont des problématiques. »

Le domaine spécifique du cannabis est au début une découverte puis une expertise s’est développée avec les années. Dans son projet de doctorat, qui portait sur les comportements maternels en présence de différents facteurs de vulnérabilité, Émilie a pu développer des outils pour s’approprier des sujets comme l’usage de substances.

Après près de 5 ans sur cette chaise, Émilie, qui était au départ la seule professionnelle au dossier, a vu l’équipe de la direction grandir, et ce au profit de contribuer à développer un modèle de référence en matière de fonds dédiés à la promotion de la santé, la prévention et au développement de la recherche.

Son conseil aux étudiantes et aux étudiants ?

« Ce que j’ai comme conseil - laissez-vous surprendre par des occasions qui se présentent à vous auxquelles vous n’auriez pas pensé. Particulièrement dans les programmes contingentés, comme la psychologie, ayez des plans B…et C. Sortez de votre zone de confort, c’est là que la magie se produit. Si vous n’obtenez pas les résultats escomptés, ne vous rendez pas malade, prenez de la perspective et trouvez un autre chemin, les parcours sont multiples et ceux qui sont diversifiés sont souvent les plus riches. « Mon parcours a été marqué par des déceptions et ce que j’ai perçu comme des détours, mais en bout de ligne c’est mon chemin et je sens que je suis exactement où je devrais être. Et ce n’est pas du tout ce que je souhaitais au départ. J’ai atteint plusieurs objectifs, professionnels et personnels dont je suis très fière, dont mon doctorat et mes deux enfants. D’autres attendent, j’ai toujours hâte de voir après la prochaine courbe. »

Au début de l'automne 2023, Émilie Rochette a rejoint l'équipe de la Direction des grands défis de société des Fonds de recherche du Québec à titre de responsable de programmes, où elle continue d’être une actrice du changement au sein des structures gouvernementales.