Geneviève Gagnon
Propriétaire-fondatrice de la Fourmi bionique
Geneviève Gagnon : petite fourmi devenue grande
Diplômée du baccalauréat en psychologie (1996)
Bientôt 20 ans que la Fourmi bionique essaime ses granolas bios sur les tablettes des épiceries du Québec, du Canada et de la France. Nous avons voulu en savoir plus sur cette entreprise et avons rencontré Geneviève Gagnon (psychologie 1996), propriétaire-fondatrice, dans son usine située à quelques encablures de l'échangeur Turcot à Montréal. Si cette dernière avoue que la période est particulièrement difficile pour qui navigue dans l'industrie alimentaire, elle ne cache pas sa fierté d'avoir réussi à imposer ses produits sur le marché, tout en conservant leur qualité et en appliquant les mêmes principes de responsabilité sociale et environnementale.
« Quand j’ai commencé à élaborer mes recettes dans ma cuisine il y a 20 ans, le monde commençait tout juste à être conscientisé à la saine alimentation, explique l’entrepreneure : on réalisait alors l’impact direct de la nourriture sur notre santé. »
En 2002, après avoir travaillé six ans dans le secteur des relations publiques, la jeune femme se cherche de nouveaux défis. Elle s’entraîne beaucoup et réalise le lien qu’il y a entre l’alimentation et l’énergie. Elle se tourne donc naturellement vers le secteur de l’alimentation naturelle. Elle ouvre même, pendant une courte période de temps, un restaurant bio dans son appartement du Plateau Mont-Royal, une sorte de table champêtre qui propose dîners, soupers et brunchs et où elle y sert alors ses granolas maisons.
« Je viens d’une famille d’entrepreneurs. Mon père tenait un dépanneur dans lequel j’ai commencé à travailler très jeune. Mais il ne m’était jamais venu à l’idée d’embrasser l’entrepreneuriat », raconte celle qui, après le cégep, s’est lancée dans des études de psychologie à l’Université de Montréal pour y obtenir son baccalauréat en 1996.
Un diplôme en psychologie et l’entrepreneuriat
Un choix d’études dont elle est fière. Elle estime d’ailleurs que tout gestionnaire devrait avoir des bases en psychologie.
« Le cours donné par la professeure Sonia Lupien sur l’anxiété et le stress m’a particulièrement marqué. Quand tu es gestionnaire d’entreprise, s’il y a quelque chose que tu vis, c'est bien de l'anxiété et du stress. Il y a le démarrage de ton entreprise : tu peux faire faillite, tu n’as pas d’argent, pas d’expérience, tu commets des erreurs, tu n’as personne pour te soutenir. Les outils de psychologie t’apprennent à bien comprendre ces phénomènes que sont le stress, l’anxiété et ultimement la dépression et donc, à les gérer. »
Geneviève Gagnon insiste par ailleurs sur l’importance de faire preuve d’empathie dans ses relations avec son personnel salarié. Une autre notion qu’elle a pu comprendre et analyser lors de son passage à l’UdeM.
Biologique et local
Après l’expérience du restaurant à domicile, Geneviève Gagnon passe un an à mettre sa recette de granola au point. Elle la fait tester, trouve des mentors, prépare son plan d’affaires, applique à tous les programmes de subventions. En 2004, elle lance ses trois premiers produits : Les grands granolas Vitalité, Essentiel et Aphrodisiaque, mélange énergisant au chocolat noir et ginseng sibérien, qui demeure aujourd’hui encore son meilleur vendeur.
Presque vingt ans plus tard, la petite entreprise a bien grandi. Une quinzaine de salariés travaillent dans l’usine de 15 000 pieds carrés installée depuis plusieurs années non loin du Canal de Lachine. Afin de garantir la qualité de ses produits, la Fourmi bionique s’occupe par ailleurs tant de la conception que de la manufacture des produits.
« Dans mon granola Vitalité, il y a des pétales de calendula et aucun sous-traitant n’aurait accepté de les effeuiller à la main… Or, je ne suis pas prête à transiger (et je conserve donc la transformation de la matière première). Je demeure 100 % locale sur tous les ingrédients que je peux avoir ici : céréales, miel, sirop d'érable, canneberges. »
Ralentir le rythme
L’inflation qui frappe aujourd’hui le portefeuille du consommateur a quelque peu mis un frein à la croissance de l’entreprise. Pas de quoi cependant déstabiliser Mme Gagnon, qui vient de racheter les dernières parts de l’entreprise qui ne lui appartenaient pas pour devenir propriétaire unique de son entreprise. La prochaine étape serait de planifier une éventuelle relève en trouvant quelqu’un d’aussi passionné qu’elle pour prendre les rênes de son entreprise.
« Je fais des granolas ici et je n’ai jamais préparé une boîte à lunch, regrette la maman de trois enfants. Je voudrais être plus présente pour eux, vivre moins de stress et me lancer dans une vie plus artistique ».